Vous l’avez sûrement remarqué dans la rue : de plus en plus de personnes utilisent cet accessoire encore inconnu il y a quelques années. La cigarette électronique connaît un succès incroyable ; se présentant comme une alternative au tabac efficace, elle crée le débat entre les gouvernements, les spécialistes, les professionnels et les vapoteurs, ces nouveaux fumeurs accros à la vapeur.
Le boom de la cigarette électronique
Apparue il y a moins de 10 ans en Chine, d’abord mal perçue en occident, la cigarette électronique fait aujourd’hui un retour en force et, pour le moment, gagnant. Ses ventes ne représentent que 1% du marché mondial du tabac mais ce produit connaît une croissance effrénée : plus d’un million de français l’ont déjà testé et ils sont plus de 500 000 à utiliser l’e-cigarette quotidiennement. Un succès commercial hors-normes, qui attire jalousie et inquiétude : les géants du tabac semblent pris de vitesse et cherchent à réagir face à leurs ventes qui diminuent pour la première fois depuis 10 ans. Il faut dire que les experts financiers et de santé donnent de plus en plus raison à la cigarette électronique, comme l’affirme très clairement la banque d’investissement britannique Ganaccord Genuity : « Nous pensons que les cigarettes électroniques s’avéreront être le plus important développement dans l’histoire de l’industrie organisée du tabac qui remonte à 200 ans. ».
En France, les boutiques se multiplient : qu’ils soient réels ou virtuels, ces magasins de cigarettes électroniques connaissent un succès tout aussi fou que le produit en lui-même. A l’heure où l’essentiel des ventes s’effectue sur Internet, des sites spécialisés comme CigaMania cherchent à conforter leur place de leader pour étendre toujours plus le marché de la cigarette électronique en convainquant de nouveaux fumeurs, confrontés à des hausses consécutives du prix de leurs paquets.
Des avantages non négligeables
Le succès de la cigarette électronique n’est pas marketing, il est avant tout issu des qualités du produit. Sans parler de ses effets sur la santé, encore flous pour certains à cause d’un manque de recul, la cigarette électronique propose néanmoins d’autres atouts irréfutables. Déjà, elle fonctionne sans combustion, ce qui réduit considérablement les risques d’incendies souvent causés par un mégot mal éteint. Ensuite, sur le papier, elle contient très peu d’éléments pour générer cette fameuse vapeur, comparés aux 4000 substances nocives de la cigarette à tabac (dont 50 sont avérées cancérigènes). L’e-cigarette permet également de choisir des saveurs très nombreuses et totalement inédites pour certaines (cola, vanille, caramel,…). Et enfin, avantage principal, la cigarette électronique est largement plus accessible que la cigarette à tabac : ses coûts sont très inférieurs et d’après des estimations, un fumeur consommant 20 cigarettes par jour économiserait jusqu’à 2000 € par an ! Il est clair qu’en période de difficultés économiques et de baisse du pouvoir d’achat, cet argument sait se faire entendre.
Un marché menacé ?
Parlons pour la France et l’Europe : aujourd’hui, le marché de la cigarette électronique est très flou et dépend de chaque pays. Au Royaume-Uni, la cigarette électronique est un médicament, en Suisse, il est interdit de vendre des recharges avec de la nicotine, en France, pour l’instant, le marché est libre (et c’est tant mieux, diront certains). Interdite depuis peu aux mineurs, la cigarette électronique n’est donc pour l’instant que peu réglementée en France, bien que Marisol Touraine aimerait l’interdire dans les lieux publics et restreindre la publicité à son sujet, au même titre que pour les cigarettes classiques. Et si le Parlement Européen veut fortement brider le marché de la cigarette électronique, des associations de commerçants et de vapoteurs se font entendre pour garder le droit de vapoter en toute liberté, affirmant que la cigarette électronique est bien meilleure pour tout le monde que la cigarette à tabac. Même les experts se rangent du côté des vapoteurs, certains défendant même de manière virulente l’e-cigarette comme Jean-François Etter, Professeur de Santé Publique à l’Université de Genève : « On ne doit pas réglementer à tort et à travers sur la base d’un rapport bâclé [celui remis à la Ministre de la Santé en mai dernier]. Le paradoxe, aujourd’hui, c’est que ce sont les experts eux-mêmes qui sont des dangers pour la santé publique. Cette réaction d’interdire au maximum parce qu’il s’agit de nicotine est une réflexion à courte vue dont les positions sont contre-productives ».
Sur tous les domaines, la cigarette électronique fait donc l’actualité et son marché risque donc de connaître des évolutions, bonnes ou mauvaises, dans les mois à venir.