Le détecteur de fumée, ce petit objet à fixer au plafond, devra en mars 2015 trouver sa place dans tous les foyers français. C’est donc un véritable marché qui s’apprête à décoller à l’approche de l’échéance, puisque les français semblent encore bien peu concernés par le problème…
La France en retard sur les détecteurs de fumée
Detactif.com, DFI, Detect-Mania,… Les revendeurs spécialisés se multiplient sur le web en complément des grandes enseignes de bricolage (comme Leroy Merlin) et d’équipement (Darty, par exemple), preuve que le secteur des DAAF (Détecteurs et Avertisseurs Autonomes de Fumée) se prépare à répondre à une très forte Demande dans les prochains mois.
Car, c’est un fait, sur la question de la prévention des incendies domestiques, la France est à la traîne face à ses voisins européens : 80% des logements britanniques et 95% des foyers norvégiens seraient déjà équipés d’un détecteur de fumée contre… 5% seulement en France en 2010, alors qu’on compte chaque année près de 250 000 incendies domestiques accidentels et quelques milliers de victimes (sans compter les dégâts matériels).
Loi Morange-Meslot et Loi ALUR
Pour remédier à cette situation, et plutôt que de laisser à chacun le soin de décider s’il souhaite ou non protéger son domicile (mais surtout sa vie, puisque le rôle du détecteur est d’avertir les occupants du foyer qu’un feu s’est déclaré afin que ces derniers réagissent en fonction), le gouvernement a décidé de rendre obligatoire l’installation d’un DAAF dans tous les domiciles. Une volonté entérinée par la Loi Morange-Meslot en 2011, rendant alors la présence d’un détecteur indispensable à partir de mars 2015.
Plus récemment, la Loi ALUR n°2014-366 (Accès au Logement et un Urbanisme Rénové) de mars 2014 a ajouté une condition à l’application de la Loi Morange : c’est au propriétaire du logement de fournir un DAAF à l’occupant et également de s’assurer qu’il est bien fonctionnel. Si vous avez donc déjà acheté du matériel, vous pouvez demander à votre propriétaire de vous rembourser !
Les français pas assez sensibilisés sur le rôle des DAAF
Un DAAF d’entrée de gamme de qualité s’achète aux alentours de 30 €. Il existe cependant des modèles (comme ici le Nest Protect de Google) vendus plus de 100 €.
Si les lois sont bien calées, le grand public n’est toutefois pas encore assez informé à la fois du rôle que joue le détecteur de fumée et de l’obligation d’en posséder un l’année prochaine. « Le niveau de sensibilisation des Français laisse à désirer » pouvait-on ainsi lire sur le site Detactif.com qui rapportait les propos de Romain Canler de la FFMI, la Fédération Française des Métiers de l’Incendie. « Il serait urgent que l’Etat mette en place une campagne d’informations grand public » avait-il ainsi insisté.
L’urgence est d’autant plus grande que les objectifs de la Loi Morange-Meslot sont ambitieux : réduire le nombre d’incendies domestiques annuels de 50%. Pour y parvenir, le taux d’équipement des foyers français doit rapidement augmenter, ce qu’il sera possible qu’en communiquant auprès de la population sur l’obligation posée par la loi, mais aussi sur ses enjeux. Cette communication devrait d’ailleurs être facilitée par la nécessité du produit imposé en mars 2015 : personne ne souhaite voir sa maison brûler à cause d’une multiprise défectueuse, et c’est justement ce que permettent d’éviter les DAAF.
Comment bien s’équiper ?
Vous souhaitez vous mettre aux normes en avance ? Très bien, mais savez-vous quel matériel acheter ? En réalité, les modèles de détecteurs d’entrée de gamme sont déjà bien suffisants pour détecter une fumée anormale dans votre intérieur. Prêtez toutefois attention aux normes et certifications de votre DAAF :
- Le marquage CE : cette indication précise que le produit est « certifié conforme » pour le marché européen. Il s’agit donc d’une autorisation de vente du matériel au sein de l’Union Européenne, mais elle n’est pas synonyme de qualité : elle informe simplement que le produit peut être mis sur le marché, mais ne signifie pas qu’il a été produit en Europe, ni même qu’il est parfaitement fonctionnel ! « Le marquage « CE » n’est pas une marque de certification » précise ainsi le gouvernement.
- La norme EN 14604 : obligatoire depuis 2008, cette norme vous informe que le détecteur est récent et répond à certains standards de fabrication (indications indélébiles, durée de vie de la pile d’un an minimum, présence d’un bouton test,…). Là encore, cette norme n’est pas une indication de la fiabilité du produit.
- La marque NF : voilà la véritable preuve que le détecteur est un modèle de qualité et fiable, puisque la marque NF est accessible aux produits respectant des normes de qualité propres à son secteur mais aussi du point de vue de ses utilisateurs. « La marque NF est une marque collective de certification. Elle garantit la qualité et la sécurité des produits et services certifiés« inique le site officiel de la marque.
Pour une tranquillité absolue, préférez donc des détecteurs certifiés NF. Attention toutefois, cette marque n’est pas obligatoire pour les fabricants (pour cause de libre concurrence) : tous les détecteurs de fumée vendus en France sont donc siglés CE et EN 14604, mais tous ne sont pas marqués CF. La vigilance est donc de mise lors de votre achat, raison pour laquelle il est conseillé de se tourner vers des revendeurs reconnus de détecteurs de fumée tels Detactif.com ou DFI, qui proposent du matériel fiable.
Le détecteur de fumée se place près de la chambre afin de réveiller les occupants si un feu se déclare la nuit (80% des cas graves).
800 millions d’Euros potentiels pour le marché
Si la Demande est encore frileuse, le marché des détecteurs de fumée est potentiellement énorme, puisque son chiffre d’affaires pourrait atteindre les 800 millions d’Euros dans les années à venir. Parce que la population est encore peu préparée à l’application de la loi Morange, il y a fort à parier que les achats vont se multiplier dans les derniers mois avant mars 2015, pouvant faire craindre les ruptures de stock chez les revendeurs.
Cependant, espérer que tous les domiciles français soient équipés d’un DAAF à la date prévue est bien optimiste : « Nous pourrions ainsi, peut-être, arriver à équiper 50% des logements pour l’échéance » a déclaré Romain Canler. Quoi qu’il en soit, il est certain que derrière la volonté d’améliorer la sécurité de tous, une véritable guerre commerciale est sur le point de débuter.